Russie-Occident : vers une expansion de l’arsenal nucléaire ?

Moscou envisage d’augmenter ses capacités nucléaires face aux menaces occidentales, selon le diplomate russe Grigory Mashkov.


La Russie pourrait renforcer son arsenal nucléaire pour contrer l’Occident, selon un diplomate

Alors que la Russie a récemment mis à jour sa doctrine nucléaire, le diplomate russe Grigory Mashkov, ambassadeur itinérant, a déclaré que Moscou pourrait être amené à étendre et moderniser son arsenal nucléaire pour faire face aux menaces occidentales croissantes. Ses propos, publiés ce jeudi dans la revue russe International Affairs, soulignent une escalade préoccupante dans les relations déjà tendues entre la Russie et l’Occident.

Une doctrine nucléaire en pleine évolution

Selon Mashkov, l’évolution du contexte géopolitique rend désormais obsolète la notion de stabilité stratégique définie de manière bilatérale, notamment entre Moscou et Washington. « Dans les réalités émergentes, il n’est plus possible de parler de stabilité stratégique (nucléaire) dans son contexte classique bilatéral », a-t-il affirmé. Cette déclaration fait écho aux récents changements opérés par la Russie dans sa doctrine de dissuasion, qui stipule désormais qu’une attaque contre la Russie, même conventionnelle, menée avec l’aide d’un pays doté de l’arme nucléaire, sera considérée comme une attaque nucléaire conjointe contre Moscou.

Ce changement doctrinal ouvre la porte à des représailles de grande ampleur. Par exemple, si l’Ukraine utilise des missiles occidentaux dans ses offensives contre les forces russes, la Russie pourrait considérer cela comme une justification pour employer des armes nucléaires, arguant d’une implication directe des États-Unis ou d’autres puissances de l’OTAN.

Un possible abandon des traités de limitation des armements

Mashkov a également évoqué la possibilité d’un réarmement massif de la Russie en réponse à la pression occidentale. « Dans les conditions actuelles de confrontation avec l’Occident et face à sa politique affichée de causer un préjudice stratégique à la Russie, nous pourrions être amenés à reconsidérer notre approche des limitations des arsenaux nucléaires et balistiques au profit d’une augmentation tant quantitative que qualitative », a-t-il averti.

Cette déclaration sous-entend que Moscou pourrait remettre en question les accords internationaux limitant la prolifération nucléaire, comme le traité New START signé avec les États-Unis, qui vise à réduire le nombre d’ogives stratégiques. Une telle décision pourrait raviver la course aux armements, une perspective qui rappelle les tensions de la Guerre froide.

Une nouvelle course aux armements déjà engagée ?

Mashkov a également souligné que plusieurs nations à travers le monde développent activement de nouvelles technologies balistiques et nucléaires, exacerbant ainsi la compétition militaire à l’échelle internationale. Selon lui, la course aux armements est déjà bien engagée, avec des puissances comme la Chine, l’Inde ou encore l’Iran qui renforcent leurs capacités stratégiques.

Cette déclaration survient dans un contexte où les tensions entre Moscou et l’Occident atteignent un niveau critique, notamment avec la guerre en Ukraine et l’implication croissante de l’OTAN dans le soutien militaire à Kiev. La perspective d’une escalade nucléaire reste une inquiétude majeure, d’autant plus que la doctrine russe semble désormais plus permissive en matière de recours aux armes nucléaires.

Alors que le monde s’enfonce dans une ère d’incertitude géopolitique, ces déclarations soulèvent des questions sur l’avenir de la dissuasion nucléaire et sur le risque d’un nouvel affrontement global aux conséquences potentiellement dévastatrices.

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