Museveni appelle Tshisekedi à dialoguer avec les groupes armés, malgré les tensions régionales

Les dirigeants de l’Afrique de l’Est prônent une solution pacifique au conflit dans l’Est de la RDC, tandis que Kinshasa rejette toute négociation avec le M23, qualifié de « terroriste ».

À l’issue d’un sommet virtuel tenu mercredi, plusieurs dirigeants de l’Afrique de l’Est, dont Yoweri Museveni (Ouganda), Paul Kagame (Rwanda), William Ruto (Kenya), Samia Suluhu (Tanzanie), Salva Kiir (Soudan du Sud) et Sheikh Mohamud (Somalie), ont appelé le président congolais Félix Tshisekedi à engager un dialogue avec le mouvement rebelle M23.

Ce groupe, qualifié de « terroriste » par le gouvernement congolais, est considéré par ces dirigeants comme une « opposition armée ». Cette position régionale contraste fortement avec celle de Kinshasa, qui accuse le M23 d’être soutenu militairement par le Rwanda, une allégation que Kigali nie.

La Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), qui n’a jamais condamné l’implication présumée des Forces rwandaises de défense (RDF) dans l’occupation des territoires congolais, a insisté sur « un règlement pacifique du conflit ». Les dirigeants ont exhorté toutes les parties à cesser les hostilités, à observer un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, et à faciliter l’accès humanitaire aux populations affectées par les violences dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.

« Nous avons convenu que S.E. Tshisekedi devrait engager un dialogue avec ses opposants armés. En outre, l’EAC devrait convoquer un sommet urgent avec la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) pour rechercher une solution durable à cette situation », a déclaré Yoweri Museveni, président ougandais et médiateur régional.

Paul Kagame, le président rwandais, a quant à lui tenté de justifier la présence de ses troupes en RDC, affirmant qu’elles visaient à protéger les Tutsi congolais. « Ils ont déplacé des gens, ils ont tué des gens, ils les ont persécutés quotidiennement à cause de ce qu’ils étaient.

Nous avons des réfugiés qui sont ici depuis plus de vingt ans, qui viennent d’être expulsés du Congo et envoyés au Rwanda parce qu’ils disent qu’ils sont de l’ethnie tutsie, qu’ils appartiennent donc au Rwanda, ils n’ont pas leur place là-bas », a-t-il déclaré. Ces propos ont été vivement rejetés par Kinshasa, qui accuse Kagame de chercher à déstabiliser la RDC pour des raisons économiques et géopolitiques.

Malgré cette pression régionale, le gouvernement congolais reste ferme dans sa position. Félix Tshisekedi, qui a boycotté le sommet de l’EAC, a rassuré la population congolaise lors d’une adresse à la nation mercredi soir. Il a affirmé qu’une riposte vigoureuse et coordonnée contre le M23 et ses soutiens étrangers était en cours. « Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), symbole de courage et de patriotisme, sont pleinement mobilisées, prêtes à défendre chaque centimètre de notre territoire », a-t-il déclaré.

Le président congolais a également rappelé qu’il avait personnellement convoqué et présidé des réunions de crise avec une équipe restreinte du gouvernement, le haut commandement militaire ainsi qu’une réunion interinstitutionnelle. L’objectif de ces consultations était d’évaluer les récents développements de la situation sécuritaire et de définir des stratégies pour repousser les agresseurs et reconquérir les localités occupées.

Cette crise met en lumière les divisions profondes au sein de la région. Alors que l’EAC prône une approche diplomatique, la RDC, soutenue par la SADC, insiste sur une réponse militaire pour rétablir sa souveraineté territoriale. Les tensions entre Kinshasa et Kigali continuent de s’envenimer, avec des accusations croisées de soutien aux groupes armés et d’ingérence dans les affaires intérieures. Par ailleurs, la situation humanitaire dans l’Est de la RDC reste critique, avec des milliers de déplacés et des besoins urgents en aide humanitaire.

En conclusion, alors que les appels au dialogue se multiplient, la résolution du conflit dans l’Est de la RDC semble encore lointaine. La détermination de Kinshasa à défendre son territoire, couplée aux intérêts divergents des acteurs régionaux, complique la recherche d’une solution durable. Dans ce contexte, la communauté internationale est appelée à jouer un rôle plus actif pour prévenir une escalade des violences et soutenir les efforts de paix.

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