Inspirée par Donald Trump, la co-dirigeante de l’AfD appelle à « Rendre l’Europe grande à nouveau » dans un contexte de bouleversements politiques en Allemagne.
Alors que l’Allemagne se prépare à des élections législatives anticipées en février 2025, Alice Weidel, co-présidente du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), a emprunté un slogan bien connu aux États-Unis.
Dans un message posté sur X (anciennement Twitter) mercredi, Weidel a appelé à « Rendre l’Europe grande à nouveau », une adaptation directe du célèbre slogan « Make America Great Again » (MAGA) de Donald Trump.
Un slogan chargé de symbolisme
Alice Weidel a utilisé ce slogan en réponse à une publication établissant un parallèle entre les politiques de son parti et celles défendues par Donald Trump et Elon Musk. Ce dernier, propriétaire de X et PDG de Tesla et SpaceX, a récemment manifesté son soutien à l’AfD, affirmant que « seul l’AfD peut sauver l’Allemagne ». Musk avait déjà montré son penchant pour les figures politiques populistes en interviewant Donald Trump lors de sa campagne présidentielle victorieuse en 2024.
Lors d’une interview en direct sur X avec Musk, Weidel a décrit l’AfD comme un parti « conservateur libertaire », prônant une réduction de la bureaucratie et une émancipation des citoyens face à un État jugé trop envahissant. Ce message résonne avec une partie de l’électorat allemand fatigué des politiques actuelles, et donne un écho européen à la stratégie MAGA de Trump, qui s’appuie sur des thèmes de renouveau national et de rejet des élites établies.
Une Allemagne en crise politique
L’appel de Weidel intervient dans un contexte politique tumultueux. Le gouvernement de coalition dirigé par Olaf Scholz, composé des sociaux-démocrates, des Verts et des libéraux, s’est effondré en décembre 2024 après un vote de défiance. Ce fiasco a ouvert la voie à des élections anticipées, où l’AfD espère capitaliser sur un mécontentement croissant envers les politiques migratoires et énergétiques.
Weidel a critiqué l’instabilité de la coalition sortante et la gestion par Scholz des crises nationales, notamment la transition énergétique et l’afflux de réfugiés. « Nous devons reconstruire notre souveraineté nationale tout en repensant l’Europe », a déclaré Weidel, en opposition à ce qu’elle qualifie de « diktat de Bruxelles ».
L’influence croissante d’Elon Musk
La collaboration apparente entre Alice Weidel et Elon Musk a attiré l’attention, mais aussi des critiques. Musk a amplifié la visibilité de l’AfD sur X, une plateforme déjà accusée par des institutions allemandes d’encourager une radicalisation croissante. Plus de 60 universités et instituts de recherche ont annoncé leur retrait de la plateforme, citant un environnement numérique devenu toxique.
Mercredi, le ministère allemand de la Défense et les forces armées (Bundeswehr) ont également cessé leurs publications sur X, accusant la plateforme de rendre « difficile tout échange factuel ». Ces décisions reflètent les tensions croissantes entre les institutions allemandes et une plateforme perçue comme un bastion de la controverse.
Un modèle populiste inspiré de Trump
Le choix d’Alice Weidel d’adopter une version européenne du slogan MAGA reflète une stratégie populiste inspirée de Trump. Le MAGA, popularisé lors de sa campagne de 2016, incarne un retour à des valeurs perçues comme fondamentales tout en rejetant le statu quo politique. Weidel semble vouloir appliquer cette formule à une échelle continentale, en promettant de « libérer l’Europe de l’étouffement bureaucratique » et de redonner du pouvoir aux nations.
Cependant, cette rhétorique s’accompagne de polémiques. L’AfD est souvent accusée d’alimenter des discours nationalistes et d’entretenir des liens avec des figures controversées. Weidel a rejeté ces accusations, affirmant que « l’AfD est le seul parti en Allemagne à défendre véritablement la liberté d’expression et la souveraineté nationale. »
L’Europe et ses tensions géopolitiques
L’appel à « Rendre l’Europe grande à nouveau » soulève des questions sur l’avenir de l’Union européenne. Alors que l’UE fait face à des défis géopolitiques majeurs – notamment la guerre en Ukraine, les tensions avec la Russie et la crise énergétique – l’AfD appelle à une refonte des relations entre les États membres et Bruxelles.
Weidel critique également les politiques migratoires européennes qu’elle considère comme un fardeau économique et social pour l’Allemagne. Ses déclarations trouvent un écho chez une partie de l’électorat qui perçoit l’immigration comme une menace pour l’identité culturelle du pays.
Vers une nouvelle dynamique politique ?
Avec les élections anticipées, l’AfD se positionne comme un acteur central de la politique allemande. Le soutien de figures influentes comme Elon Musk renforce la portée de son message, mais pourrait également polariser davantage le débat public.
Si l’AfD parvient à capitaliser sur le mécontentement actuel, elle pourrait non seulement remodeler la politique allemande, mais aussi avoir un impact sur l’avenir de l’Europe.
Weidel, en reprenant le slogan de Trump, envoie un signal clair : elle voit dans le populisme un outil puissant pour mobiliser les électeurs et défier l’ordre établi. Le succès de cette stratégie dépendra toutefois de la capacité de l’AfD à élargir son attrait tout en répondant aux préoccupations des citoyens face aux défis de notre époque.
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