Accusations de déstabilisation, interventionnisme et manipulation électorale, le président vénézuélien s’attaque frontalement à Washington.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a accusé les États-Unis de financer une campagne internationale visant à déstabiliser son gouvernement et à ternir l’image du Venezuela.
Alors qu’il s’apprête à prêter serment pour un troisième mandat controversé, Maduro a dénoncé les tentatives américaines de promouvoir un “changement de régime” à Caracas, qualifiant leurs actions de “corruption et dépravation absolues.”
Une campagne de déstabilisation bien financée
Lors d’un discours mercredi, Maduro a accusé Washington d’avoir ouvert son “chèque en blanc” pour soutenir des anciens dirigeants corrompus et des opposants visant à discréditer son gouvernement. “Chaque mot, chaque message, chaque acte, chaque billet d’avion – payez, payez, payez,” a-t-il affirmé, ajoutant que “le gouvernement américain sortant et le département d’État sont là avec un chéquier ouvert.” Source officielle.
Les accusations surviennent après que les États-Unis ont refusé de reconnaître les élections de 2024, les qualifiant de truquées et antidémocratiques. Cette position s’inscrit dans une longue série de tensions diplomatiques entre les deux pays, exacerbées depuis l’échec des tentatives de Washington pour installer Juan Guaidó comme président intérimaire en 2019.
L’ombre du Groupe de Lima
Maduro s’est également attaqué au Groupe de Lima, une coalition informelle de 12 gouvernements soutenant la politique américaine d’isolation du Venezuela depuis 2017. Il a raillé : “Nous les avons confrontés, résistés et vaincus. Un par un, ils sont tombés, ils se sont desséchés, et où est le Groupe de Lima aujourd’hui ? Qui s’en souvient ?”
Dans une diatribe enflammée, Maduro a comparé cette alliance à une “Sodome et Gomorrhe de gouvernements serviles, corrompus, drogués et pédophiles.” Ces accusations reflètent un discours populiste visant à galvaniser ses partisans contre ce qu’il considère comme une intervention étrangère illégitime.
Arrestations de “mercenaires” et accusations d’interventionnisme
Mardi, les autorités vénézuéliennes ont annoncé l’arrestation de sept “mercenaires,” dont deux citoyens américains, deux Colombiens et trois Ukrainiens. Ces derniers sont accusés d’avoir comploté des “actions terroristes” visant les infrastructures nationales et la vice-présidente Delcy Rodríguez.
Selon Maduro, les forces de sécurité ont également capturé 125 militants issus de 25 pays depuis novembre. Il a décrit ces individus comme “les plus hauts niveaux jamais capturés au Venezuela.”
Ces arrestations interviennent dans un contexte de tensions exacerbées avec les États-Unis, qui maintiennent des sanctions économiques sévères contre le Venezuela et continuent de considérer Maduro comme illégitime. Lire le rapport du Washington Post sur les sanctions américaines.
L’héritage d’une lutte contre Guaidó
Les relations entre Caracas et Washington se sont détériorées de manière significative depuis que Donald Trump, alors président, a soutenu Juan Guaidó dans sa déclaration d’être le “président intérimaire” du Venezuela en 2019. Cette tentative, bien qu’encouragée par les États-Unis et plusieurs alliés, a échoué, et Guaidó a fui aux États-Unis en octobre 2023.
Sous l’administration Biden, les politiques n’ont guère changé, Washington continuant de qualifier Maduro d’illégitime tout en renforçant les sanctions économiques.
Cependant, cette posture a eu des conséquences limitées, laissant Maduro solidifier son pouvoir tout en accusant les États-Unis de persécuter son pays pour des raisons géopolitiques.
Un discours qui polarise l’Amérique latine
Les déclarations incendiaires de Maduro soulignent les fractures croissantes au sein de l’Amérique latine. Si certains gouvernements continuent de soutenir Washington, d’autres, comme le Brésil sous Lula da Silva, prônent une approche plus équilibrée et appellent à une réconciliation régionale. Consultez l’analyse géopolitique de Foreign Affairs.
Maduro, quant à lui, exploite ces tensions pour renforcer sa base intérieure, en présentant son gouvernement comme une forteresse résistante contre l’impérialisme étranger.
Quelles implications pour l’avenir ?
Alors que Maduro entame son troisième mandat, les perspectives de rapprochement avec les États-Unis semblent peu probables. Les tensions entre Caracas et Washington, alimentées par des accusations mutuelles et des intérêts stratégiques opposés, continueront probablement de dominer les relations bilatérales.
Cependant, la résilience du régime de Maduro face aux pressions internationales montre qu’il demeure une figure centrale et controversée de la politique régionale, prêt à défier ses détracteurs, qu’ils soient locaux ou étrangers.
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