Le parcours exemplaire du professeur Amadou Mahtar Mbow s’inscrit dans une période d’importants changements historiques en Afrique et dans le monde, et témoigne des enjeux et des combats de ces époques.
À l’occasion du parrainage de la deuxième Université de Dakar (Unidak II), Alla Dieng, le président de l’Union des forces citoyennes (UFC), avait salué le professeur par ces mots, cités par le quotidien sénégalais Le Soleil du 31 mars 2015 :
« En baptisant l’Unidak II au nom du professeur Amadou Mahtar Mbow , vous venez de rendre hommage, et de son vivant, à un homme qui le mérite très amplement. Vous l’avez fait certainement pour services rendus à plusieurs reprises à la nation, mais aussi à l’Afrique, au tiers monde et à toute la communauté scientifique internationale. »
De la Seconde Guerre mondiale à l’indépendance Amadou-Mahtar Mbow est né le 20 mars 1921 à Dakar. Lorsqu’il s’engage volontairement dans l’armée de l’air française à 18 ans, c’est la Seconde Guerre mondiale. Il est démobilisé en 1945, commence par entreprendre des études d’aéronautiques, passe un baccalauréat en lettres modernes et rentre à l’Université de la Sorbonne où il obtient une licence ès lettres d’enseignement.
Il fonde la « Fédération des étudiants africains en France », prépare une thèse de doctorat d’État en géographie et sort professeur d’histoire et de géographie. De retour en Afrique, il est de 1951 à 1953 professeur au collège de Rosso en Mauritanie, puis de 1953 à 1957, il crée et dirige un service d’éducation de base – alphabétisation, éducation sociale et développement communautaire – sur plusieurs sites au Sénégal.
Durant la période d’autonomie interne du premier gouvernement sénégalais, il devient de 1957 à 1958, ministre de l’Éducation et de la Culture, mais démissionne très vite, pour s’engager pleinement dans la lutte pour l’indépendance de son pays. Il redevient alors professeur au Lycée Faidherbe à Saint-Louis du Sénégal et à l’École normale supérieure de Dakar, et à partir de 1966, il est de nouveau ministre de l’Éducation nationale, puis ministre de la Culture et de la jeunesse, et député en 1968, à l’Assemblée nationale du Sénégal.
Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d’autoriser les cookies de mesure d’audience et de publicité. Accepter Gérer mes choix Du Sénégal à l’ONU Porté par le Groupe africain et le Groupe des non-alignés, il est nommé en 1970 sous-directeur général chargé de l’éducation de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), et en 1974 les États membres le font élire à l’unanimité Directeur général de l’Unesco pour un mandat de six ans.
Il sera alors la seconde personnalité d’un pays du tiers monde, après le Mexicain Jaime Torres Bodet, à occuper ce poste et donc le premier Africain et à être à la tête d’une des plus prestigieuses organisations des Nations unies. Il sera réélu, avec la même unanimité en 1980, pour un second mandat de sept ans.
Ces deux mandats, il les réalisera dans une période difficile, marquée par la guerre froide, durant laquelle il s’est efforcé de sauvegarder la cohésion des États membres autour des idéaux de l’organisation tout en œuvrant sans relâche pour l’ouverture et la connaissance réciproque à toutes les cultures des peuples du monde. De même, dans les domaines de l’éducation, par la promotion des savoirs et le renforcement de la coopération internationale ou des droits de l’homme, Amadou Mahtar Mbow a toujours porté les idéaux de paix et de fraternité humaine dans toute son action.
Pour afficher ce contenu X (Twitter), il est nécessaire d’autoriser les cookies de mesure d’audience et de publicité. Accepter Gérer mes choix Mais des crises secouent l’Unesco et provoquent le départ des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de Singapour de l’organisation vers la fin de son deuxième mandat. Le journaliste Thassinda Uba Thassinda, dans son ouvrage intitulé Un Sahélien à l’Unesco, raconte « l’affaire Mbow », quand la presse tenta de le déstabiliser.
Le jour de son départ de l’Unesco, l’hommage de tous les États membres sera unanime pour saluer la qualité du travail accompli, y compris ceux des pays qui ont quitté l’organisation à cette époque et qui ont voulu témoigner de leur grande estime à l’égard de cet homme remarquable.
L’héritage Le professeur d’histoire et de géographie qui a œuvré avec passion pour l’éveil des consciences et la reprise en mains par les Africains de leur destinée, des petits villages du Sénégal jusqu’à la présidence de l’Unesco, a publié de nombreux ouvrages, de nombreux manuels sur la renaissance de l’Afrique, sur sa philosophie d’un Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication, qui signent les combats du continent.
En 2008, Amadou Makhtar Mbow expliquant son rôle, au sein des Assises nationales Christophe Champin En 2008, des partis d’opposition réunis au sein de la coalition Benno Siggil Senegaal, font appel à lui pour présider leurs assises nationales.
Les années passent, Amadou Mahtar Mbow se consacre à la lecture et à la rédaction de ses mémoires. Il aime participer à des conférences et mène une vie d’érudit et de pratiquant, entouré de sa famille. Le patriarche qui a été de son vivant couvert d’éloges, restera pour tous, un exemple de sagesse et d’engagement aux côtés de son peuple, et aura fait entendre la voix et l’âme de l’Afrique à travers le monde.
C’est quelqu’un qui a beaucoup de valeurs qui doivent être partagées avec la communauté : l’esprit de citoyenneté, l’esprit humanitaire, son engagement, sa déontologie…
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