« Restez dans la queue », disaient les partis politiques et la Commission électorale après 21 heures ce mercredi, la règle voulant qui si on attend sur le trottoir pour voter, il faut que ce droit soit respecté, et donc que le bulettin soit pris en compte.
Si l’élection venait à être serrée, ce sont ces petites marges qui pourraient faire la différence, ce qui pourrait manquer au parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), qui règne sans partage depuis 1994 et l’élection de Nelson Mandela. L’ANC, avec le président sud-africain sortant Cyril Ramaphosa à sa tête, est désormais dans l’attente des résulats, pour savoir s’il conservera ou non sa majorité absolue à l’Assemblée nationale, après ses trente ans de pouvoir.
Si ce mercredi matin, à Soweto, c’était plutôt calme, comme l’a constaté notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès, au cours de la journée, les files se sont largement allongées, dans le township et dans plusieurs zones de la ville, notamment dans les quartiers étudiants à l’ouest. Les précédentes élections, je n’avais pas voté. Mais on s’est rendu compte que la politique a des conséquences sur nos vies, et qu’en tant que jeunes, il faut y aller. Parce qu’on veut évidemment voir du changement.
On ne peut pas se contenter de s’assoir sur le siège arrière, et demander du changement sans rien faire. Moi, j’aimerais voir plus d’efforts faits afin de créer davantage d’emplois pour nous, les jeunes, car pour l’instant, ils n’y travaillent pas assez dur. Je pense que si on se dresse ensemble, et qu’on se plaint tous de la même chose, nos voix finiront par être entendues. Et les gens se sont battus pour ce droit dans ce pays, donc c’est très important !
Sur place, les électeurs ont dû patienter plusieurs heures avant de pouvoir mettre leur bulletin dans l’urne. D’un côté, c’est plutôt un bon signe vis-à-vis de l’abstention, et la Commission électorale se montre optimiste quant au chiffre global de la participation. Mais de l’autre, cela amène de la frustration chez certains votants, car ces retards sont en fait parfois dus à des problèmes techniques, et à l’apparition cette année d’un nouveau bulletin de vote régional. Dans les rangs, beaucoup de jeunes qui font leurs études à l’université et un mot d’ordre dans toutes les bouches : la volonté de « changement ».
Peu importe le temps qu’il aura fallu patienter en vue d’exercer son droit de vote. Reste à voir si cette même volonté s’est aussi manifestée chez les jeunes plus défavorisés des townships ou des zones rurales. Rappelons que 42% des Sud-Africains inscrits sur les listes électorales ont moins de 40 ans. Écouter aussiÉlections législatives en Afrique du Sud: en cas de coalition, «l’ANC va trouver des alliés» Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’adresse aux journalistes après avoir voté ce mercredi 29 mai 2024 à Soweto.
À Johannesburg aussi, la même soif de « changement » se ressent Dans un bureau de vote de Jobur également, énormément de monde faisait encore la queue, peu avant la fermeture à 21 heures et après. Il ya eu des bureaux de vote, il faut bien le dire, dysfonctionnels depuis le matin, confirme notre correspondant Romain Chanson, car ne parvenant pas, là encore, à absorber les centaines, voire plus, d’électeurs. La Commission électorale a reconnu des délais importants par endroits, dans les métropoles sud-africaines surtout.
Mais elle anticipe, comme mentionné plus haut, une participation en hausse par rapport à 2019, ce qui serait peut-être ici une bonne nouvelle. La nuit s’annonçait très longue, en fin de soirée. Il y a des jeunes qui semblaient prêts à attendre des heures dans le noir, et ce malgré le froid, pour aller faire connaître leur choix, parfois d’ailleurs pour la première fois. Ils sont déterminés. Il faut vraiment que j’aille voter, pour exprimer ma frustration à l’égard de ce gouvernement et mon envie de changement. Ils nous disent qu’on devait arriver avant 21 heures, mais je trouve ça injuste. On veut faire entendre notre voix ! Et c’est la première fois qu’on vote, donc on ne connaît pas bien tout le processus…
En tout cas, il n’y aura pas de second jour de scrutin, a clarifié la Commission, alors que les partis politiques commençaient un peu à gronder, s’énerver ou se plaindre. Si les Sud-Africains semblent s’être déplacés en masse, c’est qu’ils sont stimulés, là encore, par cet enjeu inédit dans le pays.
En 2019, 66% des électeurs avaient voté. Reste à savoir si ce changement se confirmera dans les votes. Nous devrions savoir d’ici à dimanche si l’ANC a perdu pour la première fois de son histoire la majorité absolue. RéécouterEn Afrique du Sud, quelles orientations économiques après les élections?
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