Chaque jour, plus de 500 Burkinabè entrent au Mali depuis plus de trois mois, selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Majoritairement des femmes et des enfants, ces réfugiés rejoignent Koro – de l’autre côté de la frontière et où plus de 25 000 réfugiés ont déjà été enregistrés –, mais également Mopti, Bandiagara, San ou d’autres localités du centre du Mali.
Certains fuient les attaques terroristes, d’autres les opérations de l’armée burkinabè et de ses supplétifs des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), formés par des villageois recrutés par l’armée pour contribuer à la lutte antiterroriste.
Accueillis dans les familles Le représentant du HCR au Mali, Mohamed Askia Touré, alerte sur les conditions d’accueil des 40 000 réfugiés burkinabè arrivés depuis trois mois. « C’est énorme ! 40 000 personnes, c’est l’équivalent d’une ville moyenne », commence-t-il par poser, avant de détailler : « Ils sont d’abord accueillis dans les populations hôtes, dans les familles.
Il faut signaleur leur grande générosité, leur grand cœur, parce que souvent les autorités ne sont pas à même de pouvoir répondre aux besoins de ces populations qui viennent de manière assez massive. La communauté humanitaire est malheureusement très peu présente du fait de l’insécurité, et nous n’avons pas de camp [de réfugiés, ndlr] établi.
Les besoins sont immenses, incommensurables. D’abord en besoins matériels : ces réfugiés ont besoin d’eau, d’abri, de soins et de nourriture. »
« On nous a donné des nattes, des sceaux, mais pas de nourriture » Ces réfugiés burkinabè viennent principalement des provinces du Soum, du Yatenga et de la Léraba, frontalières avec le Mali. Moussa Dicko (le nom a été modifié pour questions de sécurité) est originaire du village de Bouro, près de Djibo, où un massacre a été commis en décembre dernier. Était-ce par un groupe terroriste ou bien par des militaires, en opération dans le secteur à cette période ?
Aucune revendication, ni aucune preuve définitive n’est venue étayer l’identité des assaillants. Après s’être enfui, Moussa Dicko a fini par gagner le Mali et la ville de Sévaré en février : « Dans notre village, des gens sont venus pour tuer, se remémore-t-il. Il y avait des motos, des voitures, ils étaient armés, mais on ne sait pas qui ils étaient. Ils ont tué beaucoup d’hommes, des femmes, des enfants… ils ont tué les gens. Dans ma famille, tout le monde ne s’en est pas sorti.
Ma mère, une de mes sœurs et l’un de mes frères ont survécu. Les autres, ils les ont tués. Rien que dans ma famille, ils ont tué 25 personnes. Alors, nous avons fui, nous ne pouvions pas rester. Nous sommes passés par Douna, au Burkina, puis par Koro au Mali, et maintenant, nous sommes à Sévaré, où nous avons retrouvé de la famille.
Mais nous avons besoin de nourriture et d’un logement. Depuis notre arrivée, nous avons rempli des papiers, on nous a donné des nattes, des sceaux, mais pas de nourriture. » 00:52 Moussa Dicko, réfugié burkinabè, raconte pourquoi il a dû quitter sa ville et gagner le Mali David Baché Insécurité des deux côtés de la frontière Le manque est aussi du côté des soins : certains réfugiés, y compris des enfants, ont été hospitalisés en urgence après avoir été blessés dans les attaques de leurs villages. D’autres sont traumatisés par les horreurs traversées.
Pourtant, ces réfugiés burkinabè ne sont pas à l’abri de recroiser des horreurs : le centre du Mali est lui-même le théâtre d’attaques régulières des membres du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, affilié à al-Qaïda) et d’opérations de l’armée malienne et de ses supplétifs de Wagner.
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