La presse sénégalaise se fait l’écho de ces « simulacres de bureaux de votes improvisés à Dakar » hier, dimanche, à l’initiative du collectif citoyen Aar Sunu Election, Préservons notre élection en français. Une journée de « deuil national et de vote miniature » résume Seneplus.
Parce que « Si tout s’était passé comme prévu » rappelle Dakar Actu, « des millions de Sénégalais auraient fait la queue ce dimanche devant des écoles pour élire leur cinquième président. Mais rien ne s’est passé comme prévu et certains ont tenu à glisser un bulletin symbolique dans une urne factice ».
Une façon, constate Seneplus de « marquer leur frustration de voir leur droit de vote confisqué ». Au Burkina Faso, Wakatsera rappelle le « phare de la démocratie » qu’est le Sénégal et se prend à rêver que les élections ont bien eu lieu hier :
« À travers une élection ouverte, inclusive et démocratique, les sénégalais ont accompli leur devoir constitutionnel et attendent leur prochain président. Mais ce serait en attendant Godot, car cette élection ne connaîtra de gagnant que celui qui a pris forme dans la tête de chaque électeur. »
Dakar Actu donne la parole à deux femmes, deux médecins qui ont tenu à se rendre dans un de ces bureaux de vote improvisés hier : elles votent depuis qu’elles ont l’âge de le faire. « Voter, et voter à la date convenue, cela a toujours été, dans notre culture conclue, l’une d’entre elle ».
Mais la date reste à convenir donc… à travers le dialogue proposé par Macky Sall à partir d’aujourd’hui. Le quotidien précise ceux qui y sont conviés : « les candidats qualifiés et recalés et tous les acteurs politiques et sociaux ». Mais pour l’instant, c’est plutôt un dialogue de sourds ? Et le Monde Afrique résume plutôt bien le problème : « Le président appelle au dialogue, l’opposition à la tenue de l’élection ».
L’appel de Macky Sall reste peu entendu euphémise le quotidien. Dakar Actu est plus précis : « Aar Sunu Election et 16 des 19 candidats homologués refusent de prendre part aux discussions ». Le quotidien qui constate aussi que « Les forces de sécurité ont empêché hier les 16 concurrents de se réunir sur un terrain où ils avaient donné rendez-vous à leurs supporteurs ».
Le site en ligne raconte que certains se sont « rabattus vers le siège de l’un des principaux candidats, Khalifa Sall ». Sur place, ils « ont procédé à un vote fictif avec un bulletin noir RIP 25 février, pour Repose en paix 25 février ». Et on peut se poser la question de savoir si le dialogue proposé par Macky Sall n’est pas lui aussi mort-né. La presse sénégalaise égrène les noms des candidats ou partis qui refusent la main tendue du président sénégalais.
Senego cite ce lundi matin le président de la Plateforme Politique Avenir : « Nous avons déchiré son invitation… Mais il persiste en disant qu’il recevra 19 candidats. Lesquels ? » se demande Cheikh Tidiane Dièye. Au Burkina Faso, Wakatsera constate en tout cas que « le Sénégal présente un nouveau cas d’école pour la CEDEAO qui vient de lever les sanctions contre les pays qui ont connu des putschs militaires dans la sous-région ».
C’était lors d’un sommet extraordinaire à Abuja ce week-end… « Avec pour témoin oculaire, un certain Macky Sall engagé dans une aventure ambigüe » glisse WakatSéra au Burkina. Jeune Afrique constate d’ailleurs que « l’organisation sous-régionale est également mise à l’épreuve par la crise politique au Sénégal, mais le sujet n’a pas été mentionné samedi ».
La presse nigérienne se veut très factuelle, relaye les décisions prises lors de ce sommet extraordinaire à Abuja, le soulagement des populations après l’annonce de la levée des sanctions. En Guinée en revanche,Ledjely parle « du chantage payant des pays de l’AES » (l’Alliance des États du Sahel) Pour le site en ligne, « Le Mali, le Burkina Faso et le Niger contraignent Bola Tinubu et les autres dirigeants de l’organisation à capituler ».
« Quel contraste ! En juillet 2023, le président nigérian avait fait valoir une fermeté extrême contre les coups d’Etat militaires dans l’espace ouest-africain ». Et bien pour Le Pays : « le rétropédalage de ce week-end ne va pas absoudre la Cédéao pour autant, sans doute encore moins susciter le « retour au bercail » des trois dissidents qui doivent être en train de boire actuellement leur petit lait en multipliant les rebuffades, parce qu’« il n’y a rien en face » poursuit le quotidien burkinabé.
De son côté, Aujourd’hui le Faso estime que « 50 % du différend avec l’AES est résolu, reste la question du modèle politique. » Question effleurée par Bola Tinubu cité par le quotidien et qui appelle à « Revoir l’approche de la Cédéao quant au retour de l’ordre constitutionnel chez quatre pays membres ».
Pour Le Pays, deux questions se posent après le sommet extraordinaire de samedi : « les trois dirigeants de Bamako, Niamey et Ouagadougou oseront-ils franchir le Rubicon » et saisir la main tendue par la Cédéao. Le site en ligne se demande aussi si l’organisation ouest-africaine « pourra sauver ce qui reste de ses meubles…. »
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