Charlotte Idrac Sur son téléphone, Monsieur Sano a gardé des vidéos TikTok de son fils Souleymane, tué par balle le 2 juin dernier lors d’affrontements avec les forces de l’ordre dans le quartier de Lyndiane. Il avait 25 ans. « Vers 19h, on l’a appelé pour dire “ton fils a été blessé”.
Il a répondu “non, non, non, moi je sais, il a été tué”», raconte un proche. « Je suis toujours en colère », tempête à côté le père. Mais comme la famille Sano, celle de Thierno Dahaba, dit « Kara », n’a pas souhaité porter plainte. Le jeune homme avait été touché à la tête en juillet 2023 au lendemain de l’arrestation d’Ousmane Sonko. « Nous n’avons pas confiance », affirme son oncle Malick.
« On sait que si on dépose le dossier, il n’y aura pas d’instruction car l’Etat a bloqué les dossiers pour les évènements de mars (2021) et juin (2023). Nous sommes écœurés. Tant que ce pouvoir est là, il n’y aura pas de justice », ajoute-t-il.
Les familles ont transmis les dossiers au parti d’Ousmane Sonko, qui contrôle la mairie. Mais Marie Sambou dit se sentir « impuissante ». Son fils Sydia Diatta, tué au mois de juin, était un militant de l’ex-Pastef. : « Si tu ne connais pas comment tu vas aller pour porter plainte ? On réclame justice ! Mais moi je ne sais pas faire ces démarches ».
Dans la maison familiale, la chambre de Sydia Diatta est restée en l’état. Sur le mur, un portrait du jeune homme aux côtés de l’entraîneur de l’équipe nationale de football Aliou Cissé et une photo d’Ousmane Sonko. Le Haut-commissariat aux droits de l’homme a réclamé cette semaine des « enquêtes approfondies et indépendantes » sur les décès qui ont eu lieu suite au report de la présidentielle. À lire aussiSénégal: heurts lors de manifestations à Dakar et en province, un étudiant mort à Saint-Louis
Soyez le premier à commenter