Quelle sortie pour le chaos organisé par Denis Kadima ?
L’invalidation de 82 candidats fraudeurs aux législatives démontre l’ampleur de la fraude. Denis Kadima, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en République démocratique du Congo (RDC) a été imposé à ce poste par la volonté de son ami le président Félix Tshisekedi. ” Plus de dix ans d’expérience dans l’accompagnement des élections en Afrique.
Un vrai expert, explique encore ce dimanche un de ses confrères, qui ajoute : “Ce Monsieur s’est toujours présenté comme le héraut de la démocratie en Afrique. Aujourd’hui, Denis Kadima est le responsable d’un des pires chaos jamais orchestrés. Si la tricherie qu’il a mise au point permet à Félix Tshisekedi de s’installer au pouvoir. Non seulement, c’est un terrible bond en arrière mais aussi la fin de biens des espoirs démocratiques pour la RDC”.
Casser la Constitution
Depuis le 20 décembre, jour fixé pour la tenue du scrutin présidentiel, Denis Kadima a régné en maître sur l’organisation d’un vote qui n’était en fait qu’une immense mise en scène dont le seul objectif était la pérennisation de son ami à la tête de l’État et, dans la foulée, la construction d’une large majorité parlementaire qui doit offrir au président de la République la possibilité de modifier rapidement la Constitution. Avec un double objectif : mettre en place une élection indirecte du chef de l’État par les parlementaires et, dans la foulée, un passage du quinquennat au septennat.
Une modification de la Constitution qui doit remettre les compteurs à zéro et permettre ainsi au chef de l’État sortant, qui aura atteint la limite constitutionnelle de deux mandats, de se représenter pour deux septennats avec une classe parlementaire grassement rémunérée, qui lui est acquise et redevable. L’actuel salaire de 21 000 dollars du député national congolais, déjà un des plus élevés au monde, pourrait passer sous la prochaine législature à plus de 30 000 dollars.
Pour parvenir à ses fins, le duo Kadima – Tshisekedi a donc organisé ce 20 décembre (et les jours suivants) un scrutin “Canada Dry”. À première vue, on est dans un contexte électoral, la campagne s’est déroulée sans gros soucis et les électeurs sont convoqués. Au-delà de ces signaux, le barman Denis Kadima est entré en scène pour concocter un cocktail dont lui seul avait la recette.
Fichiers électoraux non audités par la communauté internationale, cartes d’électeurs incontrôlables, cartographie des bureaux de vote introuvable, ouverture des bureaux de vote aléatoire, prolongation des jours de vote, d’innombrables machines à voter entre les mains de membres de la majorité. Ces machines à voter sont la propriété exclusive de la Ceni de Denis Kadima.
Sans oublier, pour la présidentielle, l’absence de compilation des bulletins de vote papier et donc l’obligation de se contenter des données électroniques des machines à voter. Les évêques dépassés Les évêques catholiques ont demandé la publication des résultats de vote bureau par bureau pour que les électeurs puissent avoir la certitude que les résultats donnés par la Ceni sont crédibles.
En RDC, nul n’ose parler, comme cela se faisait encore en 2019, de la vérité des urnes, car personne n’ignore que cette vérité chiffrée n’existe plus. Le vote papier qui devait être pris en compte a été totalement éclipsé au profit d’un bourrage électronique qui ne pouvait être éventuellement détecté que par… des experts en informatique attentifs et courageux.
RDCongo : Tshisekedi relance débat sur sa « victoire » à la présidentielle de 2018 Denis Kadima a, par le niveau de fraude orchestré, pris de court tous les observateurs sérieux qui supposaient la tenue d’un vrai scrutin. Ce qui s’est dessiné au Congo, c’est une supercherie conçue par un expert électoral qui connaissait tous les points de contrôle et qui les a tous contournés.
Le souci, c’est que cette fraude aussi massive (sans perdre de vue les 11 000 bureaux de vote qui n’ont simplement pas ouvert, représentant approximativement 7 millions d’électeurs “oubliés”) n’est pas passée inaperçue. Des centaines de cas de machines à voter se retrouvant entre les mains de dignitaires du régime ont été observés, documentés, largement diffusés.
Pour tenter d’éteindre cet incendie, le barman Kadima a sorti un nouvel ingrédient : l’invalidation. Une petite dose (81 candidats) censée démontrer sa détermination à organiser un vrai scrutin qui doit surtout permettre au président de la République de rempiler avec une légitimité dont il ne disposait pas depuis 2019, lui qui a été coopté par Joseph Kabila.
Nouveau souci, comment expliquer que les scrutins législatifs soient invalidés sans toucher au niveau présidentiel ? UDPS : Le peuple, le parti ou les copains d’abord ? La Ceni de Denis Kadima n’en a cure. Sa mission est d’imposer Tshisekedi et de lui offrir une large majorité. L’opposition peut s’époumoner, jusqu’ici, elle ne dispose d’aucun mode de pression institutionnelle.
La Ceni est aux ordres de Kadima, la Cour constitutionnelle chargée d’examiner les recours est majoritairement composée d’affidés du pouvoir. Ne reste dès lors que la désobéissance populaire. La communauté internationale, elle, continue d’observer avec bienveillance ce chaos organisé, porteur de tous les risques de violence et de toutes les dérives dictatoriales.
Certains, même en Belgique, comme ce ministre d’État, n’ont pas attendu la confirmation de la victoire de Félix Tshisekedi pour le féliciter, saluant “le caractère pacifique de la campagne et le bon déroulement de la campagne”. Quelle sortie de crise ? Ce lundi, la Cour constitutionnelle pourrait malgré ce chaos invraisemblable confirmer la victoire de Tshisekedi.
La RDC plongera une fois de plus dans l’inconnu avec une classe politique non seulement largement désœuvrée mais aussi fracassée par un non-scrutin qui va faire exploser les mécontentements et risque de pousser nombre de candidats frustrés vers des mouvements extrémistes. RDCongo: où Tshisekedi mène-t-il le Congo? Les chemins de sortie de crise sont très compliqués avec une présidence qui a pourri le jeu démocratique, éreinté les textes de lois, corrompu et ethnicisé les acteurs.
Depuis qu’il s’est émancipé de la tutelle Kabila, Tshisekedi a imposé son pouvoir par le non-respect des lois, il s’est assis sur la Constitution et a ignoré les rares mises en garde qui lui étaient envoyées et jusqu’ici, il a eu gain de cause. Il a élevé le cynisme et la corruption en moteur d’un pouvoir sûr de son fait et de plus en plus tyrannique.
Soyez le premier à commenter