L’ambassadrice palestinienne à Ottawa salue le vote du Canada à l’Organisation des Nations unies (ONU) pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Elle exhorte du même souffle le gouvernement canadien à devenir le catalyseur des efforts mondiaux en faveur d’une solution à deux États.
Israël a mis le Canada dans une position telle qu’il ne peut excuser la situation scandaleuse sur le terrain , a déclaré jeudi Mona Abuamara, représentante principale de la délégation générale palestinienne au Canada, en entrevue.
On ne peut excuser les corps, les cadavres dans les rues […] On ne peut pas excuser ceux qui sont sous les décombres et que les proches ne peuvent même pas atteindre , a-t-elle lancé. Le Canada a soutenu une résolution non contraignante mardi à l’Assemblée générale de l’ONU qui appelait à « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » entre Israël et le Hamas, rompant ainsi avec sa politique de longue date qui consiste à se ranger du côté d’Israël lors des votes importants à l’ONU.
Les libéraux ont expliqué qu’ils s’étaient sentis obligés de voter pour la motion en raison de la situation humanitaire désastreuse dans la bande de Gaza et de la nécessité de se concentrer sur une paix durable qui permettrait, à terme, la création d’un État palestinien. L’ambassadeur d’Israël au Canada, Iddo Moed, a fait valoir que le vote du Canada revenait à montrer du doigt Israël pour avoir tenté d’écarter la menace de nouvelles attaques du Hamas, qui a promis d’anéantir Israël.
Le Canada considère le Hamas comme une entité terroriste. Le Hamas est responsable de cette situation épouvantable, a dit M. Moed mercredi. Nous sommes obligés de nous battre, car si nous ne le faisons pas, nous serons tués. Encourager la solution à deux États Toutefois, Mme Abuamara a affirmé jeudi que l’occupation israélienne des territoires palestiniens était à l’origine du cycle de violence qui inclut l’attaque du Hamas.
Mme Abuamara a dit que le Canada devrait encourager un cessez-le-feu à court terme et faire tout en son possible pour remettre la solution des deux États sur les rails et mettre en œuvre les plans convenus par les deux parties il y a plusieurs dizaines d’années. Elle encourage le Canada à se joindre à la plupart des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud pour reconnaître la Palestine comme un pays et à soutenir les efforts déployés par les Nations unies pour faire de même.
Le Canada reconnaît actuellement les territoires palestiniens comme des entités distinctes d’Israël, mais pas comme un État à part entière. Le gouvernement canadien reconnaît la délégation de Mme Abuamara, mais pas en tant qu’envoyés d’un État souverain.
L’ambassadrice palestinienne estime que le Canada pourrait jouer le rôle principal pour rallier la communauté internationale à une solution à deux États. Double standard Mme Abuamara a souligné que le peuple juif a le droit de vivre en paix, au Canada et en Israël. Selon elle, les actions militaires menées par Israël compromettent cette paix et la violence pousse de nombreux Palestiniens à soutenir des groupes militants.
Depuis le début du conflit, des groupes armés israéliens vivant dans des colonies de Cisjordanie jugées illégales au regard du droit international ont attaqué des Palestiniens à un rythme que les Nations unies qualifient de sans précédent. La Grande-Bretagne et les États-Unis ont imposé des interdictions de voyager aux colons extrémistes.
L’ambassadrice a affirmé que pour briser le cycle de la violence, il faut accepter que des groupes militants comme le Hamas ne soient pas les seuls à perpétrer des actes de violence. Elle a indiqué qu’Israël utilisait une excuse selon laquelle il est nécessaire et inévitable de faire de telles victimes, qu’il s’agit de dommages collatéraux . M. Moed a fermement rejeté ces arguments, soulignant avant l’entrevue de Mme Abuamara qu’Israël fait tout ce qui est en son pouvoir pour limiter le nombre de morts palestiniens.
Jeudi, la députée montréalaise Anna Gainey s’est jointe à des collègues libéraux pour affirmer que le Canada n’aurait pas dû soutenir la résolution de l’ONU, car elle ne reconnaissait pas le droit à l’existence d’Israël et ne dénonçait pas les atrocités commises par le Hamas.
Mme Abuamara y voit plutôt un double standard, dans lequel les groupes militants comme le Hamas sont perçus comme la principale menace pour la paix dans la région, alors que beaucoup plus de personnes sont tuées par l’armée israélienne. Le conflit a débuté le 7 octobre lorsque des militants du Hamas ont tué 1200 personnes lors d’attaques-surprises brutales contre Israël et pris 240 autres personnes en otage.
Israël a réagi en retenant les approvisionnements vitaux de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, en la bombardant par des frappes aériennes et en menant une offensive militaire sur le terrain. Les autorités locales affirment que plus de 18 700 personnes ont trouvé la mort.
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