Félix Tshisekedi : « c’est mort pour les élections pour le Rutshuru et le Masisi »

Félix Tshisekedi : « c’est mort pour les élections pour le Rutshuru et le Masisi »

Deux ans après la reprise des combats dans l’est de la République démocratique du Congo, le président Tshisekedi a laissé entendre, lors d’un entretien accordé aux médias français RFI et France 24, que son pays allait utiliser ses propres moyens pour se défendre « si la communauté internationale tarde à intervenir ».

Une déclaration qui survient alors que le pays se dirige en grande vitesse vers des élections législatives et présidentielle particulièrement délicates, prévues le 20 décembre prochain.

Un scrutin qui pourrait ne pas être organisé sur l’ensemble du territoire vu les conditions sécuritaires qui règnent notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Le chef de l’État, lors de cet entretien, a expliqué : « Je vous ai dit que pour Rutshuru, pour le Masisi, c’était mort pour les élections en ce moment, je l’avale avec difficulté, mais je l’avale. »

Pour la première fois, Félix Tshisekedi a reconnu qu’il n’était pas en mesure d’organiser les élections partout sur le territoire du pays.

Dans le même entretien, il a expliqué qu’il disposait de drones d’attaques chinois avant de reconnaître la présence de militaires occidentaux dans les Kivu. Mais pas question pour le président de la République de reconnaître que les sociétés privées présentes dans la région sont en fait des sociétés de mercenaires. Après avoir expliqué régulièrement qu’il s’agissait d’ »instructeurs« , le président de la République démocratique du Congo, en amateur éclairé de sports, a opté cette fois pour le terme « coaches » pour désigner ce « bon millier » d’hommes présents dans l’est de la RDC.

Des « coaches » qui sont associés aux troupes de l’armée nationale congolaise (FARDC) mais aussi aux « Wazalendo », des combattants non militaires, présentés comme des « patriotes » ayant décidé de prendre les armes pour défendre leur pays face à ce qui est présenté par Kinshasa comme une agression directe du régime rwandais sous la couverture du M23.

« Chair à canon »

Combien sont-ils ? Qui sont-ils ? Aucune réponse précise. Seule quasi-certitude derrière ce vocable de « patriotes » se dissimulent aussi bien des civils congolais désireux de prendre les armes pour défendre leur terre que des membres de milices venus se refaire une virginité sous ce label plus présentable et qui bénéficient ainsi d’un réarmement au frais des institutions congolaises.

« Ces Wazalendo sont une main-d’œuvre bon marché, voire carrément de la chair à canon », explique un militaire congolais excédé par cette cohabitation qu’il juge « impossible ». « Ce ne sont pas des militaires. Les tensions sont fréquentes ». Le 11 novembre, à une dizaine de kilomètres de Goma, cette tension a débouché sur une querelle armée qui a fait six morts. « L’indiscipline des uns, la rancœur des autres ne peuvent rien amener de bon », explique un jeune militaire arrivé récemment dans la région.

Pour ajouter à la confusion dans cette région qui connaît plus de 200 groupes rebelles, les troupes onusiennes de la Monusco, des détachements de certains pays de l’East african Community, on découvre, grâce aux révélations de la société civile burundaise, l’existence d’un accord secret entre Bujumbura et Kinshasa pour l’envoi de plusieurs bataillons de la « force d’intervention » burundaise parallèlement aux troupes envoyées dans le cadre de l’EAC. Selon les sources burundaises, ces troupes aidant activement l’armée congolaise combattaient avec des tenues militaires congolaises. Elles sont parvenues à agir sans attirer l’attention pendant deux mois jusqu’au 5 novembre dernier et une défaite cuisante dans le Masisi. Des militaires burundais ont été faits prisonniers et exhibés par le M23. Ils ont été reconnus par leur famille.

Une organisation burundaise a identifié et publié les photos d’une quinzaine de soldats tués et d’autres capturés. Son président Pacifique Nininahazwe qui vit en exil a exigé des explications au chef de l’État burundais, Evariste Ndayishimiye, selon Radio France Internationale.

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