Les lieutenants des principaux candidats de l’opposition ne sont pas parvenus à préparer le terrain pour un accord entre leur champion afin de désigner un candidat commun face au président sortant Félix Tshisekedi. La réunion entamée en début de semaine dernière à Pretoria, en Afrique du Sud, a rapidement démontré qu’il serait impossible de trouver un dénominateur commun suffisant entre Martin Fayulu, Delly Sesanga, Augustin Matata Ponyo, Denis Mukwege ou Moïse Katumbi.
Les médiateurs sud-africains ont donné l’impression de ne pas maîtriser leur sujet, de découvrir que les tensions étaient bien plus vives qu’ils ne le pensaient entre les candidats.
Dès l’entame, les camps de Fayulu et de Matata semblaient impossibles à réconcilier. “C’était très tendu”, reconnaît un des participants à cette négociation qui, comme plusieurs autres, pointent “la crispation autour du candidat Fayulu. Personne dans son camp n’a pu expliquer les raisons profondes de sa volte-face par rapport à sa participation à la présidentielle après avoir appelé les membres de son parti à ne pas s’inscrire aux législatives. C’est incompréhensible et ça a fait naître des suspicions à Pretoria.”
“Il y avait trop d’ego”, explique un autre observateur qui n’enterre pas l’idée que des regroupements puissent encore s’organiser. “Regardez ce qui se passe. Matata a été le premier à rejoindre Katumbi. Diongo et Kikuni ont emboîté le pas. Ils n’amènent pas beaucoup de voix mais ils ont créé une dynamique et ils ont montré que la construction de certains fronts était possible”.
De passage fin de semaine dernière à Bruxelles, Floribert Anzuluni, le chef de file du mouvement Filimbi, le candidat n°5 de la présidentielle qui porte les couleurs de la société civile, évoquait cette possibilité d’atteindre un accord avec d’autres candidats dans un proche avenir. “Il nous reste un peu de temps. On est ouvert si un projet nous convainc, on peut se regrouper”, expliquait-il à la veille du lancement de la campagne qui doit durer un mois, jusqu’à la veille de la convocation du corps électoral le 20 décembre prochain.
Tshisekedi mobilise déjà Kinshasa
Félix Tshisekedi, le président sortant en quête d’un second mandat a été le premier à se lancer dans l’arène avec un rendez-vous fixé le dimanche 19 novembre au stade des martyrs de Kinshasa. Un stade bien garni par les supporters du président mais aussi par tous les lieutenants des différentes formations qui ont rejoint son Union sacrée de la Nation, la plate-forme politique créée pour soutenir sa candidature.
“C’est étonnant de lancer sa campagne à Kinshasa, explique un membre du FCC de Joseph Kabila qui, lui, a boycotté jusqu’au bout ce processus électoral qu’il juge “complètement biaisé” par le pouvoir en place. “En général, on termine à Kinshasa avec une forte dynamique derrière soi. Ici, il y a eu l’image d’un stade très bien garni mais le lendemain, les images du Kongo central étaient moins euphoriques”.
Dans ce combat à distance entre les deux poids lourds de cette campagne, c’est Moïse Katumbi qui a marqué des points en ce début de semaine par une mobilisation particulièrement impressionnante à Kisangani. “L’homme et son équipe ont préparé cette campagne, ça se sent. Rien n’est improvisé, » explique un agent d’une structure internationale basée à Kinshasa. “Son discours est déjà rodé et les points d’attaque face à un pouvoir qui manque cruellement de bilan sont bien exploités. Parallèlement, le discours de Tshisekedi manque de souffle.”
Le poids de l’observation
Mais ce début de campagne tonitruant des deux principaux candidats ne fait pas taire ceux qui remettent toujours en cause la tenue des scrutins. “La saison des pluies est le pire adversaire de la Commission électorale nationale indépendante”, explique un diplomate qui juge “certains déploiements très tardifs. Tout le monde sait ici que tout devient plus compliqué en cette saison. La Ceni devait anticiper, un report est toujours envisageable dans ces conditions.”
Pour un autre diplomate, “la victoire ne se joue pas aujourd’hui. Les électeurs congolais ne sont pas dupes. Ils savent très bien pour qui ils voteront. Évidemment, il est important pour un candidat de se montrer, mais il sera surtout important d’être présent dans les bureaux de vote pour surveiller les opérations électorales. C’est là que la victoire va se jouer.” L’Église catholique et sa petite sœur protestante auront une mission cruciale le 20 décembre en étant les observatrices attentives de ce scrutin et, cette fois, contrairement à ce qui s’est fait en 2018, elles devraient publier les résultats collectés avec l’aval de la communauté internationale.
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