Dix-sept otages civils ont été exécutés dimanche dernier par les miliciens de la Coopérative de développement du Congo (CODECO). Leur convoi avait été attaqué la veille par des hommes en armes alors qu’il quittait Bunia, le chef-lieu de la province du Nord du Congo, née du découpage de la Province orientale. 24 heures après l’enlèvement, les otages ont été exécutés à l’arme blanche.
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Depuis le début du mois de décembre, plus de 500 civils ont été massacrés dans cette province frontalière de l’Ouganda selon les chiffres annoncés par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Près de cent femmes et plus de 50 enfants se retrouvent parmi les victimes.
« C’est une barbarie sans nom et ces massacres sont incompréhensibles quand on se souvient que la CODECO avait annoncé qu’elle déposait les armes il y a près d’un an”, explique un membre de la société civile de la province placée sous état de siège depuis le mois de mai 2021. “L’état de siège n’existe pas, ce sont des mots, il n’y a pas de moyens mis à la disposition des militaires”, explique de son côté Dieudonné Lossa Dhekana, le coordonnateur provincial de la société civile qui évoque la lassitude d’une population qui vit dans la peur face aux massacres perpétrés par différentes milices. “On parle de la CODECO, mais il y a aussi les Zaïre ou les ADF qui ont encore tué 7 Pygmées ce mardi. Nous allons publier très prochainement les chiffres pour le premier trimestre, ils vont être catastrophiques.”
Certains épinglent le transfèrement de militaires de l’armée officielle vers la province voisine du Nord-Kivu pour tenter d’enrayer l’avancée du M23. “Il n’y a pas moins de militaires qu’avant”, s’insurge un commerçant de Bunia. “Eux aussi, ils ont peur. La plupart ne sont pas ou très peu payés, ils sont désarmés et, quand ils ont une arme ils doivent compter leurs munitions”.
Gestion des territoires
« Le convoi des dix-sept personnes exécutées le week-end dernier a été attaqué à proximité d’une position des hommes tenue par les militaires congolais. Mais ils ne sont pas intervenus. Peut-être n’en ont-ils pas eu le temps. Ils manquent de tout”, confirment un député national de l’opposition qui accuse le pouvoir de passivité, voire de “coopérer” avec ces milices qui sécuriseraient notamment certains bureaux d’enregistrement des électeurs dans la province. Une “coopération” que confirme M. Lossa Dhekana. “Certains territoires sont totalement gérés par ces milices, comme sur le territoire de Djugu. Ce sont ces milices qui font la loi. Si vous voulez sécuriser un endroit, vous devez passer par elles. Il n’y a pas que la CODECO, les ADF contrôlent aussi complètement certains territoires”.
Tous les témoignages, sans exception, parlent de ces zones complètement laissées à l’abandon par le pouvoir provincial et national. “Il n’y a aucun militaire des forces armées congolaises dans ces zones”, continue le député qui avertit : “avec l’approche du cycle électoral, les violences vont se multiplier. Les milices veulent s’assurer des positions ou des élus et ils n’ont que la violence pour se faire entendre. Comme le gouvernement de Kinshasa a laissé pourrir la situation, ça va être la surenchère et ce sont les populations civiles qui vont en être les victimes”
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