Au fil des jours, les alertes se multiplient sur le processus électoral en cours en République démocratique du Congo qui pourrait être entaché de diverses irrégularités.
Des lots de cartes électorales vierges ont ainsi été signalés dans le territoire de Masimanimba dans la province du Kwilu dans l’ancien Grand-Bandundu, tandis qu’un accident de la circulation fortuit sur la route entre Kinshasa et Tshikapa, dans la province du Kasaï, a permis de découvrir la présence d’un kit d’enrôlement des électeurs, des cartes d’électeurs et autres matériels électoraux dans l’un des véhicules, en provenance de la capitale.
Des événements signalés et documentés par la mission d’observation électorale mise en place par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco – catholique) et son pendant protestant de l’ECC.
Dans les deux cas, les responsables de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ont reconnu l’authenticité des faits, confirmant ainsi la découverte d’un jeu de 300 cartes d’électeurs vierges à Masimanimba, tandis que le président de la Ceni, Denis Kadima, a confirmé en personne les faits dans le Kasaï et demandé à la justice d’en sanctionner les auteurs.
Face à ces événements, dans un courrier publié ce vendredi, les évêques catholiques et les responsables protestants insistent sur le fait que “les matériels sensibles, destinés à l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs, se trouvent en circulation entre les mains d’individus n’en ayant pas qualité. En d’autres termes, ces individus disposeraient ainsi de leurs propres centres d’inscription et, in fine, de leurs propres centres et bureaux de vote aux fins de possibles bourrages des urnes lors de différents scrutins prochains”.
Crédibilité entamée ?
Le document poursuit : “La mission d’observation de la Cenco et de l’ECC attire, à cet effet, l’attention de la Ceni et des autres parties prenantes sur le fait que les faits observés posent un sérieux problème quant à la sécurisation du processus électoral en général et du matériel électoral sensible en particulier et sont susceptibles d’entamer sensiblement la confiance du public en ce processus électoral et d’en compromettre ainsi la crédibilité, y compris celle des résultats qui en résulteront. En effet, si les choses ne sont pas clarifiées à ce stade, ce serait irresponsable de la part de tous d’avancer dans un processus électoral où la crédibilité est sérieusement mise en cause.”
Forts de ce constat, les observateurs demandent à la justice “d’organiser des procès publics afin que les citoyens et les partenaires internationaux soient éclairés sur les conditions dans lesquelles ces matériels électoraux sensibles se sont retrouvés entre les mains de ces individus et pour quelles fins. De sanctionner sévèrement tous les délinquants, à tous les niveaux, qui se retrouveraient impliqués dans la commission de ces crimes”.
Ils appellent aussi la Ceni à “organiser en toute urgence et à tous les niveaux des inventaires des matériels électoraux sensibles commis à l’opération d’identification et enrôlement des électeurs”, histoire de permettre une traçabilité de tout le matériel électoral. Les auteurs de ce communiqué s’inquiètent, une fois encore, du fait que plusieurs centres d’inscription annoncés sont introuvables…
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