Avant son départ, le pape – qui semblait fatigué – a prononcé un dernier discours devant les évêques de RDC. Il les a invités à ne pas se limiter à l’ »action politique » pour se concentrer sur le peuple, dans un pays où l’Église fait traditionnellement office de contre-pouvoir, au-delà de son rôle clé dans l’éducation, la culture ou la santé.
Il s’est ensuite envolé pour un « pèlerinage de paix » au Soudan du Sud, ont constaté des journalistes de l’AFP. Un pays à majorité chrétienne, plus jeune État du monde, dévasté par une guerre civile sanglante et parmi les plus pauvres de la planète.
A Djouba, le pape de 86 ans sera accompagné des chefs des Églises d’Angleterre et d’Écosse, représentants des deux autres confessions chrétiennes de ce pays de 12 millions d’habitants.
Les trois responsables religieux se sont personnellement engagés dans le processus de paix, malgré des dirigeants restés sourds aux appels à la réconciliation et des camps accusés de crimes de guerre.
Après des décennies de lutte avec le Soudan et deux ans après son indépendance, le pays a plongé en 2013 dans une sanglante guerre civile de cinq ans opposant Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait quelque 380.000 victimes, des millions de déplacés et laissé l’économie exsangue.
Et en dépit d’un accord de paix en 2018, la violence perdure, alimentée par les élites politiques. L’Église joue un rôle de substitution dans des zones sans aucun service gouvernemental et où les humanitaires sont souvent attaqués, voire tués.
En 2019, un an après un accord de paix, François avait reçu les deux frères ennemis au Vatican et s’était agenouillé pour leur embrasser les pieds en les suppliant de faire la paix, un geste symbolique fort qui avait marqué les esprits.
– Jour férié –
Dans les rues de la capitale Djouba, le logo de cette visite orne panneaux d’affichage, vêtements et banderoles. Les routes ont été fraîchement goudronnées, une rareté dans cette ville aux rues poussiéreuses où les chèvres errantes s’abritent sous les voitures du soleil brûlant.
Attendu à 15H00 (14H00 à Bruxelles), le jésuite argentin rendra une visite de courtoisie au président et aux vice-présidents puis prononcera un premier discours au palais présidentiel devant les autorités et le corps diplomatique.
Samedi, il rencontrera des religieux catholiques et des déplacés internes et célèbrera une prière œcuménique, avant de présider une messe dimanche.
Des centaines de personnes ont afflué à Djouba depuis le reste du pays et au-delà. Une soixantaine de jeunes pèlerins ont même marché 400 km – certains en sandales – sur les pistes du pays en prêchant l’unité dans ce pays qui compte plus de 60 groupes ethniques.
« Le message que nous espérons transmettre à la population, c’est que nous devrions ne faire qu’un et faire la paix entre nous », a confié à l’AFP Tafisa Chol, étudiante de 20 ans.
Quelque 5.000 policiers et soldats supplémentaires ont été déployés dans les rues, ont annoncé des responsables de la sécurité tandis que vendredi a été décrété jour férié dans le pays.
Prévu en juillet 2022 puis reporté, ce voyage papal a jusqu’ici été marqué par un vibrant appel de François à la fin des « cruelles atrocités » dans l’est de la RDC.
Mais si cette visite s’est accompagnée d’une grande liesse populaire, les combats et les violences n’ont pas pour autant connu de trêve. Mercredi, une nouvelle attaque attribuée aux rebelles ADF, que le groupe djihadiste État islamique (EI) présente comme sa branche en Afrique centrale, a fait au moins sept morts.
Il s’agit du quarantième voyage international du chef de l’Église catholique depuis son élection en 2013, le troisième en Afrique subsaharienne.
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