Le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi a demandé au Conseil de sécurité de l’Onu, quelques heures avant l’arrivée du pape François sur le sol congolais pour une visite de quatre jours, d’infliger des sanctions individuelles et collectives aux autorités rwandaises, aux “terroristes” du M23 ainsi qu’à l’État rwandais, impliqués selon lui dans les violences persistantes dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
M. Tshisekedi a accusé le Rwanda de défier la communauté internationale et a demandé à celle-ci d’être plus conséquente par rapport aux différentes violations des droits internationaux.
Quelques heures plus tard, à peine arrivé à Kinshasa, le pape François, a bouleversé l’agenda présidentiel en regardant droit dans les yeux le pouvoir congolais et ses dérives. “Après le colonialisme politique, un colonialisme économique tout aussi asservissant s’est déchaîné. Ce pays, largement pillé, ne parvient donc pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources”, a-t-il déploré, sous les applaudissements, lors d’un discours très politique devant les autorités et le corps diplomatique.
Le pouvoir n’est pas épargné
“Ôtez vos mains de la République démocratique du Congo, ôtez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser”, a-t-il encore lancé dans les jardins du palais présidentiel.
Le dicours intégral du pape François à Kinshasa
Sur la guerre à l’est, le Pape a exhorté les Congolais à ne pas “glisser dans le tribalisme et la confrontation” et “encouragé les processus de paix en cours” afin que “les engagements soient tenus”. François s’est ensuite penché sur le régime congolais et ses échéances. “Celui qui détient des responsabilités civiles et gouvernementales est appelé à agir avec une clarté cristalline, en vivant la fonction reçue comme un moyen de servir la société. Le pouvoir n’a de sens en effet que s’il devient service. Combien il est important d’agir dans cet esprit, en fuyant l’autoritarisme, la recherche de gains faciles et la soif d’argent que l’apôtre Paul désigne comme ‘la racine de tous les maux’”, a-t-il soutenu avant de poursuivre dans le même esprit en prônant de “favoriser des élections libres, transparentes, crédibles ; d’étendre davantage aux femmes, aux jeunes et à différents groupes, aux groupes marginalisés, la participation aux processus de paix ; rechercher le bien commun et la sécurité des personnes plutôt que les intérêts personnels ou de groupes ; renforcer la présence de l’État partout sur le territoire ; prendre soin des si nombreuses personnes déplacées et réfugiées. Que l’on ne se laisse pas manipuler, et moins encore acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence afin de l’exploiter et de faire des affaires honteuses : cela n’apporte que discrédit et honte, avec la mort et la misère”.
D’entrée de jeu, le pape François a donc montré son engagement pour le pays hôte, ses institutions originelles au service du peuple, il a encore lancé : “Dans la société, ce sont souvent les ténèbres de l’injustice et de la corruption qui obscurcissent la lumière du bien. Il y a des siècles, saint Augustin, né sur ce continent, se demandait déjà : si la justice n’est pas respectée, que sont les États, sinon des bandes de voleurs ?”
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