« Je ne sais même pas où les trouver », a plaisanté M. Tshisekedi, en faisant référence à la société de sécurité privée russe Wagner, qui a fourni des mercenaires pour combattre dans des pays allant du Mali et de la République centrafricaine (RCA) à l’Ukraine.
Ces propos interviennent alors que l’est de la RDC est – et depuis près de trente ans – la proie de violences causées par la présence de dizaines de groupes armés locaux et étrangers, dont la rébellion hutue rwandaise des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), les Forces démocratiques alliées (ADF, musulmanes et d’origine ougandaise), et le M23 (Mouvement du 23 mars, énième résurgence des groupes tutsis de l’est congolais). Ces groupes exploitent aussi les richesses naturelles présentes dans la région (or, coltan, cobalt…) pour se financer.
Selon le FT, les diplomates occidentaux en poste en Afrique se sont inquiétés d’une visite effectuée en août dernier à Moscou par le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda Rukemba, dans le cadre de la conférence sur la sécurité internationale organisée par la Russie en plein conflit ukrainien. Ils craignaient que Kinshasa ne fasse appel au groupe paramilitaire Wagner.
Les mercenaires de Wagner, fondé en 2014 par Evguéni Prigojine, un homme d’affaires proche du Kremlin, ont été accusés de nombreuses violations des droits de l’homme au Mali et en République centrafricaine, un pays voisin de la RDC.
Dans cette interview accordée au FT, M. Tshisekedi a souligné qu’il était normal de maintenir un dialogue ouvert avec la Russie et a souligné que le président français Emmanuel Macron avait maintenu le contact avec son homologue Poutine après l’invasion de l’Ukraine par Moscou, le 24 février dernier.
« Nous sommes un pays indépendant, respectueux des conventions internationales et, croyez-moi, nous n’avons pas de (mercenaires russes). Nous n’allons pas utiliser une milice pour soutenir nos actions », a assuré le président congolais.
« Nous renforcerons notre sécurité en augmentant nos capacités de défense et de sécurité », a-t-il ajouté. La RDC s’appuierait sur « nos (ses) partenaires traditionnels habituels », dont la Belgique, l’ancienne puissance coloniale, « pour former, renforcer nos capacités et les capacités de notre armée », a-t-il poursuivi.
Tshisekedi s’est plus largement engagé à poursuivre les plans de développement économique malgré l’insécurité persistante dans la région.
Il a affirmé que son gouvernement voulait briser le schéma vieux de plusieurs décennies selon lequel la RDC exportait des matières premières pour les transformer ailleurs.
« Je ne veux plus que notre pays soit simplement une terre d’extraction. Nous devons absolument subir une transformation. Nous sommes en train de nouer de nombreux partenariats avec des investisseurs qui souhaiteraient venir nous renforcer dans ces capacités », a-t-il déclaré.
Tshisekedi a déclaré qu’il était déterminé à mener à bien le projet hydro-électrique d’Inga, sur le fleuve Congo, potentiellement le plus puissant au monde et qui pourrait alimenter en électricité toute laRDCet les pays voisins. Il a cependant reconnu que les négociations sur un investissement de 80 milliards de dollars du magnat minier australien Andrew Forrest, président de Fortescue Metals, avaient mis du temps à démarrer.
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